LETTRE OUVERTE AU PRESIDENT ALASSANE OUATTARA
Monsieur le Président de la République,
Avec le respect que je dois à votre fonction et au nom des principes qui fondent notre humanité commune, je vous adresse cette lettre ouverte, guidé par un profond souci de justice, de paix et de cohésion sociale dans notre cher pays, la Côte d’Ivoire.

Monsieur le Président, sous votre leadership, notre nation a enregistré des avancées économiques remarquables. La croissance du PIB, que d’aucuns saluent, témoigne de la vitalité de notre économie et de la résilience du peuple ivoirien. Cependant, cette prospérité économique semble aujourd’hui voilée par une érosion inquiétante des droits fondamentaux et des libertés civiques, piliers essentiels d’une démocratie équilibrée et d’une paix durable.
Je me permets de vous écrire pour attirer votre attention sur la détention de plusieurs concitoyens, parmi lesquels des sociologues, journalistes et cyberactivistes, dont les actions, bien que parfois critiques à l’égard de votre administration, relèvent essentiellement de l’expression d’opinions divergentes. L’un de ces citoyens, du nom de plume de « Gala Kolébi », un cyberactiviste respecté dans sa sphère professionnelle et membre de l’opposition, est aujourd’hui privé de sa liberté dans des conditions que beaucoup considèrent comme incompatibles avec les valeurs d’équité et de tolérance qui devraient guider notre société.
Monsieur le Président, la grandeur d’un chef d’État ne se mesure pas seulement à la croissance économique qu’il génère, mais aussi à sa capacité à garantir à chaque citoyen la liberté de penser, de s’exprimer et de vivre dans un climat de respect mutuel. En libérant ces prisonniers d’opinion, vous donneriez un signal fort au peuple ivoirien et à la communauté internationale : celui d’un dirigeant soucieux de rassembler plutôt que de diviser, d’écouter plutôt que de faire taire.
Votre parcours personnel, qui vous a conduit des champs de bataille de la lutte à la magistrature suprême, témoigne de votre détermination et de votre compréhension des enjeux complexes de notre nation. Vous savez mieux que quiconque que la paix est fragile, qu’elle ne se nourrit pas seulement de croissance économique, mais surtout de justice sociale, de liberté et d’égalité des droits.
Les divisions politiques, ethniques ou religieuses ne doivent pas trouver d’écho dans nos institutions. En tant que garant de la Constitution, vous avez le pouvoir d’être l’artisan d’une paix véritable, celle qui transcende les clivages et unit les Ivoiriens dans un dessein commun. La libération de ces citoyens éveillerait en chacun de nous l’espoir d’une Côte d’Ivoire où le dialogue prévaut sur la répression, et où la critique est perçue comme une opportunité de croissance collective.
Je vous implore, Monsieur le Président, de considérer cet appel avec la bienveillance et la sagesse qui siéent à votre charge. Libérez ces prisonniers, réaffirmez l’engagement de notre nation envers les droits humains et redonnez au peuple ivoirien foi en un avenir où chaque voix compte !
Que la paix et l’harmonie continuent de guider vos décisions pour notre belle patrie.
Avec mes salutations les plus respectueuses,
MICHEL K. GBAGBO
DÉPUTÉ À L’ASSEMBLÉE NATIONALE
Abidjan, le 14 janvier 2025
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