La presse africaine, dans son ensemble et dans la plupart des pays africains, a connu son printemps au début de la décennie 90 avec la restauration du multipartisme. Dans certains pays du continent, la libéralisation de l’audiovisuel a vu la naissance de plusieurs chaînes de télévision et de nombreuses radios. Plus d’une trentaine d’années après cette période d’euphorie et d’enthousiasme qui a fait naître les espoirs les plus fous, les médias africains en général et, en particulier, ivoiriens sont confrontés à de très nombreux problèmes: difficultés économiques inextricables, offres éditoriales peu diversifiées et peu riches, précarité du métier de journaliste, environnements économiques et juridiques non encore totalement assainis, non-respect de l’éthique et la déontologie du métier, nombreuses atteintes à la liberté de la presse, trop de titres pour des marchés en peau de chagrin, marchés publicitaires inexistants ou en récession, formations pas toujours abouties, etc.
En effet, les fruits n’ont pas tenu les promesses des fleurs du printemps ; l’immense espoir suscité par le printemps de la presse a cédé la place à des désillusions tous aussi immenses et à l’amertume. Si le journalisme est le métier qui a créé le plus grand nombre d’emplois au cours de la première moitié de la décennie 90, il est aussi celui qui s’est le plus précarisé. Une mortalité implacable a décimé aussi bien les titres que la population des journalistes.
Dans un pays comme la Côte d’ivoire qui a vu fleurir cent soixante-dix-huit (178) titres en seulement six petites années (1990 – 1996), il ne reste plus aujourd’hui que 22 quotidiens, 25 hebdomadaires et 25 autres périodicités dont la plupart ne paraissent plus ou pas.
De 2001 à 2005, par exemple, les journaux ivoiriens ont perdu huit (08) millions de lecteurs. De nombreux séminaires, des tables rondes, des conférences sont régulièrement organisés sur le continent et en Côte d’lvoire pour parler des médias et du métier de journaliste. Et l’on peut soutenir, à raison, que tous les sujets ont été abordés et revisités.
Mais jusque-là aucun forum de grande dimension ne s’est véritablement penché de façon exclusive sur l’avenir des médias ivoiriens côté performance et gouvernance économiques, plus de trente ans après le retour au multipartisme et ce qu’on a appelé le printemps de la presse. Un forum d’importance de la presse ivoirienne s’est avéré nécessaire pour dresser le bilan de plus de trente années de printemps.
A la vérité, la situation de la presse ivoirienne ne s’est pas améliorée. Et on le sait, aujourd’hui,elle s’écroule plus que jamais sous le poids d’une grande précarité. Mais cette descente aux enfers ne peut et ne doit être considérée comme une fatalité. La presse ivoirienne peut se donner des ressorts pour en sortir, par l’engagement décisif et responsable de l’ensemble des acteurs de ce métier. Le FORUM ASSINIE MAFIA a eu vocation à éveiller les consciences et à créer les conditions mentales, psychologiques, intellectuelles et morales d’une rupture radicale avec les pratiques anciennes, et à amener les professionnels des médias et les médias à tourner définitivement le dos à ce « Journalisme de soumission à la soumission ». Qui a conduit la presse dans cette impasse et l’incline à une auto dégradation irrévérencieuse de son image et de son identité remarquable. A jamais…
Nous étions donc venus au FORUM ASSINIE-MAFIA pour amorcer un moment important de l’histoire de la presse ivoirienne qui en appelle à une REVOLUTION COGNITIVE ET STRATEGIQUE de la part des acteurs des médias. Une révolution pour asseoir les bases d’une performance économique, la clef de voûte de l’indépendance éditoriale susceptible de faire de notre métier un véritable lien horizontal objectif entre, d’une part, les citoyens et, d’autre part, les populations et les gouvernants, autrement dit, un réceptacle ouvert d’idées nouvelles et osées et donc une force de propositions crédibles, avec une vigilance critique toujours renouvelée.
La presse ivoirienne va, à partir du Forum assinie-Mafia, faire sa révolution cognitive et stratégique par un changement de paradigme, si elle a encore l’ambition d’être un puissant vecteur des mutations culturelles, sociales, économiques, et politiques qui s’annoncent pour notre pays. C’est l’heure du GRAND BASCULEMENT : quitter l’ère de la politique partisane pour celle de l’économie partagée.
En effet, notre presse doit s’émanciper dès aujourd’hui du berceau des « illusions perdues » avec cet inacceptable attelage, par défaut, aux écuries politiques et définir souverainement son champ d’autonomie et sa ligne de survie. C’est cette posture qui permettra à la presse de déterminer ses choix éditoriaux, ses orientations technologiques et sa place dans un environnement concurrentiel pour une meilleure gestion de son capital humain, de sa politique managériale et de sa capacité d’anticipation.
Le déroulement
Panels, conférences, dîner-débat, conférences inaugurales et grandes conférences ont meublé les trois jours qu’a duré le Forum et suscité des échanges intenses, pertinents et prometteurs.
Les participants
Du 26 au 28 septembre 2024, le Forum Assinie-Mafia a réuni à Assinie-Mafia baptisé par les organisateurs du Forum Terre de solutions une centaine de participants venus du monde de la communication, des médias, de l’économie, des finances et de la politique… autour du thème Presse ivoirienne : aux sources de la performance et de la gouvernance économiques Se réinventer pour impacter les changements en Côte d’Ivoire.
Les participants lancent un appel pressant, l’APPEL du Forum Assinie-Mafia :
1. Aux institutions et autorités administratives
Pour :
– Davantage d’accompagnements décisifs et déterminants et un plus grand soutien structurant à l’écosystème des médias ;
-La facilitation et l’accompagnement de l’émergence de champions nationaux dans l’entrepreneuriat de presse par un soutien déterminé à la création de groupes de presse constitués de plusieurs journaux, chaînes de télévision et de radio sur les plans national, ouest-africain et continental ;
-Un plus grand assainissement de l’environnement économique et de l’environnement juridique.
2. Aux acteurs des médias, entrepreneurs de presse et organisations professionnelles
La capacité à se réinventer par :
– Une gouvernance éditoriale vertueuse ;
– La rupture avec le modèle économico-politique qui génère des informations partiales, partielles et partisanes, le virus 3P ;
– Un impact puissant sur l’évolution et la marche de la société ivoirienne pour l’aider à négocier des virages et des choix décisifs et parvenir à des changements profonds au niveau des services de base.
– Une appropriation rapide et une participation effective à la mise en place et au suivi de l’Appel du Forum Assinie-Mafia.
3. Au secteur privé
– Un engagement décisif et des investissements importants dans le secteur des médias afin de lui permettre de donner, sur la scène internationale, un reflet honorable des réalités, performances et potentialités de notre pays et de notre continent.
4. Aux autorités de régulation et de soutien des médias
– Le renforcement de leurs actions de régulation pour une plus grande crédibilité, une professionnalisation durable du métier de journaliste et une responsabilisation plus forte des professionnels des médias ;
– Un soutien de plus en plus structurant par l’accroissement du niveau des interventions financières et d’équipements matériels ;
– Le renforcement des capacités et des compétences des entreprises de presse dans la gouvernance économique, financière et économique.
5. À l’Enseignement supérieur
– Favoriser l’accès des professionnels des médias à la formation par l’octroi de facilités et la réduction des coûts.
6. Aux partis et groupements politiques
– Un engagement fort et un soutien déterminé et déterminant au développement de l’écosystème des médias
7. À la société civile indépendante
– Son soutien ferme et déterminé dans la défense et la préservation de la liberté de la presse.
28 septembre 2024
Forum Assinie-Mafia
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