Guikahué face au personnel politique de Gagnoa, samedi dernier : « Le PDCI peut choisir son candidat à deux ans, à trois mois ou à un an de l’élection présidentielle… »-Le personnel politique du PDCI-RDA de la région du Gôh a été galvanisé pour booster l’enrôlement sur la liste électorale, le samedi 2 novembre 2024. C’était au cours d’une rencontre avec le Haut représentant du président du PDCIRDA dans le District du Gôh-Djiboua, Bagrou à Dikouepalégnoa à la résidence du vice-président et Haut conseiller, Maurice Kakou Guikahué qui est allé un peu plus en profondeur de son idée quant à l’organisation de la Convention du parti. Propos.
« (…) Le président Tidjane Thiam est le président du PDCIRDA. Nous sommes PDCI. Nous sommes légalistes et nous travaillons pour le PDCI. Ce que je pensais et je disais quand les présidents Houphouët-Boigny et Henri Konan Bédié étaient présidents du PDCI-RDA, je le pense et je le dis aujourd’hui au temps du président Tidjane Thiam, car ce n’est le nom qui est important, mais le vocable président du parti.
Marius Konan, lors de sa conférence à Paris, a dit que la démocratie est ouverte au sein du parti, mais que le PDCI n’a jamais désavoué son président. J’ai dit aux gens de la plateforme du Forum que ce que Marius Konan a dit, c’est une bonne conclusion. Et qu’à partir de cette conclusion, il ne devrait plus avoir de débat sur la question.
Je vais aller un peu plus en profondeur pour expliquer cela. Il y a eu deux périodes.
D’abord, la période Houphouët-Boigny, qui correspond à la période du parti unique. A cette époque, le PDCI-RDA faisait ses Congrès tous les cinq ans, c’est-à -dire, à la veille de l’élection présidentielle qui se tenait tous les cinq ans. A cette période, ce sont les décisions prises au Bureau politique qui se transforment en des décisions de l’Etat au Conseil des ministres. C’est comme cela que fonctionnait le parti unique.
A l’arrivée du président Bédié au pouvoir, nous étions dans le multipartisme, donc les Conseils des ministres sont différents de ce que les partis politiques font.
C’est ainsi qu’en 1996, le président Henri Konan Bédié a mis en place une Commission présidée par le président Séry Gnoleba, j’étais le secrétaire national chargé de l’Organisation et de la mobilisation. Et le président Séry Gnoleba avait la Commission organisation et vie du parti. Et c’est là que nous avons introduit la tenue de la Convention.
Pour dire que nous sommes dans la nation, mais ce n’est pas nous qui prenions les décisions. C’est-à -dire que ce n’est pas ce que le PDCI dit qui peut s’appliquer obligatoirement dans la nation.
Donc nous avons introduit un organe dans le fonctionnement du PDCI-RDA chargé de désigner et d’investir le candidat du PDCI-RDA à la présidentielle.
C’est ce que nous avons appelé la Convention. Et comme le président Bédié a été ambassadeur aux Etats-Unis, il a calqué sur la Convention américaine et c’est comme cela la Convention a été introduite en 1996 au PDCI-RDA.
En 1996, le président Bédié était candidat, donc il n’y a pas eu de problème. En 2000, après le coup d’Etat de 1999, nous sommes à la Convention à Yamoussoukro, le ministre Bombet était candidat et c’est lui qui a été élu à la Convention. Si on n’avait pas introduit la Convention, du moment où le PDCI a subi un coup d’Etat, que le président Bédié, à un an des élections, n’était plus président de la République, le PDCI n’allait pas avoir de candidat à l’élection de 2000. Donc la Convention a été utile. Le PDCI était en situation difficile, mais nous avons voté Bombet à cette Convention.
En 2005, nous avons tenu une Convention, mais l’élection présidentielle avait été reportée. L’État n’a pas fait l’élection présidentielle. Donc en 2010, nous avons dit que la Convention de 2005 était valable pour 2010.
C’est comme si nous avions fait double Convention et le président Bédié a été notre candidat.
Au 12e Congrès de 2013, le président Bédié avait 79 ans. Dans nos textes, on ne pouvait pas être président du parti au-delà de 75 ans, ce qu’on avait copié sur l’Etat qui disait que la limite d’âge à la présidentielle était de 75 ans. C’est comme cela que Djédjé Mady a été candidat au Congrès, car le président Bédié était frappé par les textes. Mais le parti s’est retrouvé et a estimé que dans le contexte où nous étions, où le président Bédié n’ayant pas été élu président de la République, et qu’il avait choisi Djédjé Mady comme secrétaire général et Maurice Guikahué comme secrétaire général adjoint, il était important de maintenir le président Bédié à la tête du PDCIRDA.
Moi, j’ai milité en disant au secrétaire général Mady que comme nous deux venions d’une même région et que le président nous a nommés dans l’organisation du parti pour que nous l’amenions au pouvoir, mais que nous n’avons pu le faire, tout le service que nous pouvons lui rendre, c’est de le maintenir comme président du PDCI-RDA. C’était ma position.
Des gens vont dire que j’ai combattu Djédjé Mady. Non, je ne l’ai pas combattu. Je lui ai fait savoir cette proposition. Et Djédjé Mady n’a pas tenu compte de cela, il a organisé sa conférence pour dire qu’il est candidat au Congrès. Donc en tant que numéro deux du Secrétariat, j’ai organisé une conférence de presse pour dire que nous ne soutenons pas Mady et qu’il a fait une déclaration solitaire et que le Secrétariat soutenait le président Bédié. Ainsi, nous sommes partis au Congrès pour que le président Bédié soit élu à la tête du parti, parce que nous avons voulu que le président Bédié puisse rester président du PDCI-RDA.
Pourquoi je reviens sur le 12e Congrès ? C’est parce qu’il y a des faits qu’il faut éclairer. Sans le dire, le PDCI a dissocié la présidence du parti à la candidature à la présidentielle depuis 2013.
Le président Henri Konan Bédié avait 79 ans, le candidat à la présidentielle devrait avoir 75 ans au plus. et nous avons le président Bédié, président du PDCI-RDA à 79 ans. C’est-à -dire à l’élection présidentielle de 2015, Bédié ne pouvait plus être candidat du PDCI-RDA. C’est parce que les gens ne suivent pas. Sinon on pouvait, à cette époque, dire que comme Bédié ne remplit pas les critères nationaux pour être président de la République, il ne pouvait pas été président du PDCI-RDA. Mais nous avons privilégié le parti en soutenant que le parti peut être dirigé par quelqu’un qui n’est pas obligatoirement candidat à la présidentielle. C’est en 2013 que nous avons fait officiellement la rupture, mais les militants n’ont pas suivi.
Donc ce que j’ai dit en 2023, dix plus tard quand j’ai soutenu que moi, c’est la présidence du parti qui m’intéressait, vient de 2013 (…) en 2016, quand la Constitution a changé, le président Ouattara a estimé que c’était de trop de limiter l’âge des candidats à la présidentielle et dans le même temps, le nombre de mandats. Donc il a décidé de sauter le verrou de l’âge parce que, pour lui, celui qui va être candidat à la présidentielle, quel que soit son âge, ne peut pas faire plus de 10 ans au pouvoir. C’est comme cela que le verrou de l’âge a été sauté en 2016 et le président Bédié est devenu candidat à la présidentielle en 2020, car il n’y avait plus le verrou de l’âge au niveau de la République.
C’est ce que j’ai expliqué en disant que le parti a introduit la Convention pour dissocier le parti de la République.
L’un des critères de candidature à la présidence du parti, c’est d’avoir 40 ans. La République dit pour être candidat à la présidentielle, il faut avoir au moins 35 ans. C’est-à -dire tous les militants du PDCI-RDA qui ont 35 ans au moins peuvent être candidats à la présidence de la République.
Mais si vous leur refusez cela, c’est discriminatoire et c’est anti démocratique. C’est une des raisons de la tenue de la Convention.
Autre élément, il est dit pour être président du PDCI-RDA, il faut être Ivoirien. Même si tu es Béninois, Burkinabè d’origine ou tu as plusieurs nationalités et que tu as la nationalité ivoirienne, tu peux être président du PDCIRDA parce que le parti est une famille. La République dit pour être président de la République, il faut être exclusivement Ivoirien.
Là encore, il y a une nuance. Ceci pour dire que la Convention est là pour régler les problèmes de candidature au PDCI-RDA. et nous avons des exemples. Fadika a été candidat contre le président Bédié. Le Premier ministre Charles Konan Banny a été candidat contre Bédié. Mais nous avons travaillé dans l’ombre et il a désisté. Mais malgré cela, le président Bédié a décidé qu’on fasse un vote à bulletin secret.
En 2020, KKB était candidat contre Bédié à la Convention, mais il ne remplissait pas les critères. Ce qu’il faut savoir, c’est en 1996 que nous avons créé les Délégations départementales. Avant, les militants PDCI n’avaient pas de base. et aujourd’hui, chaque militant appartient à une base c’est-à -dire appartenir à une Délégation.
KKB était de la Délégation départementale de Port-Bouet. Il était même le député de la Commune. et après, il a quitté, il dit qu’il n’était plus PDCI. et quand il a voulu être candidat, on lui a exigé un papier de sa Délégation.
Ne pouvant plus retourner à Port-Bouet, il est allé prendre son document à Bocanda son village natal, alors qu’il n’a jamais milité là -bas. Donc il ne remplissait pas les conditions et le président Bédié est resté candidat unique. Malgré cela, le président Bédié a demandé à ce qu’on vote. C’est fort de cela que j’ai dit aux jeunes qui font le débat sur la Convention de se mettre au travail. Car, si vous êtes avec le président et qu’à l’annonce d’une candidature, vous tremblez, vous êtes en train dire au président que vous ne valez rien. Quand Banny était candidat en 2010 et que moi j’étais l’adjoint de Mady, est-ce que vous nous avez entendu insulter Banny ? Non ! Nous avons rendu le terrain difficile.
Quand nous avons commencé à tourner et que partout les gens disaient que c’est le président Bédié qu’ils choisissent, Banny a fait marche arrière. Quand nous nous sommes rendus chez le ministre Alliali, nous lui avions promis qu’il allait être candidat en 2015, c’est pourquoi quand on a lancé l’Appel de Douakro, il s’est fâché et qu’il voulait être candidat indépendant.
Quand KKB était candidat, nous ne l’avions jamais insulté. KKB au Secrétariat était mon adjoint, car le président Bédié, pour faire la formation des jeunes, avait nommé un Secrétariat plein et des assistants, c’est-à -dire, KKB et Amon Léon. C’est moi qui ai donné la formation politique à KKB. Mais nous avons rendu le terrain difficile et lui-même était obligé de se retirer. je ne l’ai jamais insulté.
Quand je dis quelque chose à des moments précis, c’est parce que je suis obligé de parler, parce que je l’ai appris et mon rôle est de le transmettre. je ne dis rien, je me tais, mais quand je parle, je ne veux pas être contredit.
Sur les réseaux sociaux, les gens peuvent m’insulter ou commenter, mais personne ne peut aller contre mon argumentaire.
Au moment où nous sommes en train de faire l’enrôlement sur la liste électorale, sur des plateformes du Forum, des jeunes militants passent leur temps à parler de la tenue de Convention et à raconter des choses qu’ils ne maîtrisent pas. C’est pourquoi j’ai pris sur moi en intervenant sur ce Forum pour leur demander d’arrêter. Et j’ai même ajouté que la Convention n’est pas une possibilité, mais elle est obligatoire. j’ai dit aux jeunes de se mettre au travail et de quitter les sentiers des insultes inutiles qui ne servent pas, mais qui desservent. Donc j’assume les propos que j’avais tenus sur ce Forum, car quel que soit le temps, la Convention aura lieu et le président du parti lui-même est d’accord. Son porte-parole, lors d’une conférence de presse, a soutenu que la Convention aura lieu et elle se tiendra à une date qui sera précisée. Moi, je suis témoin, je n’ai pas pris les textes pour lire. Je fais partie de ceux qui ont réfléchi et écrit les textes du parti. Déjà au Congrès de 2013, on parlait de Convention. Si vous prenez les anciens statuts de 2001 et de 2002, les textes disent qu’on doit choisir notre candidat à la présidentielle six (6) mois avant la date des élections. Quand en 2013 au 12e Congrès, nous avons vu venir les choses, nous nous sommes dit que si le PDCI choisit son candidat six mois avant les élections, et que les gens fabriquent quelque chose contre lui, on peut l’éliminer.
C’est pourquoi nous avons biffé le dispositif de six mois. Donc le PDCI peut choisir son candidat à deux ans, à trois mois ou à un an de l’élection présidentielle.
Cela dépend de nous. C’est en fonction des réalités politiques. et je fais partie de ceux qui ont pensé à cette idée pour supprimer les six mois.
Au 12e Congrès, le président Henri Konan Bédié m’avait donné la charge de restructurer le parti, car pour lui, j’ai été avec Houphouët-Boigny. j’avais également démontré au président Bédié pourquoi les comités ethniques avaient été supprimés au PDCI. jusqu’en 1980, le PDCI fonctionnait sur la base des comités ethniques. Ce n’est qu’en 1980 que cela a été supprimé et le PDCI devrait fonctionner désormais dans l’harmonie et la symbiose des ethnies. Sinon par le passé, il fonctionnait à partir des comités baoulé, bété. Et c’est en 1980 que cela a été remplacé par la création des comités de base des quartiers, des villages et des villes. Donc l’organisation du PDCI-RDA évolue et je suis un sachant. Donc je suis là et je regarde les gens parler. Mais quand le débat arrive à un certain niveau, je sors et je parle pour que nous passions à autre chose. Donc la Convention, ce n’est plus un débat. Je demande aux jeunes de ne pas rentrer dans ce débat. Donc nous irons à la Convention.»
In Le Nouveau Réveil du lundi 4 novembre 2024
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